Un logo pour fonctionner ensemble, Pougne et Montemboeuf : l’Hériboeuf.
Le creusement de la passerelle souterraine entre Pougne Hérisson et Montemboeuf a permis de mettre à jour des ossements particulièrement curieux voire inédits. Les grands savants ombilicologues de Pougne dépêchés de toute urgence sur le chantier ont extrait, intacte, une colonne vertébrale hérissée de piquants, preuve de l'existence d'un animal ignoré.
Les recherches longues et fastidieuses que j’ai alors entreprises ont bouleversé, il est temps de le dire, beaucoup d’idées reçues tant au niveau historique qu’au niveau biologique.
Je demande à tous ici beaucoup d’attention, de circonspection, de force d’analyse : le rapprochement de Pougne-Hérisson et Montemboeuf n’est pas le fait du hasard, ni la volonté hasardeuse de deux illuminés comme on laisserait encore le croire aujourd’hui. La science a rétabli certaines vérités.
Indisociabilité de la biologie animale et de l’histoire.
L’Hériboeuf, en latin Heribovis elegantissima « Pougnoseii Monteboveii », était un animal très répandu dans nos régions de Gâtine et Limousin, voire d’Aquitaine. Complétement écarté de nos manuels d’histoire et de sciences biologiques pendant des générations, il revient enfin à la mode, car on s’aperçoit qu’il a joué et joue encore dans nos contrées un rôle très important, tant au niveau symbolique que gustatif et même plus.
L’Hériboeuf, mammifère à tête de bœuf et à corps de hérisson, est apparu postérieurement à la seconde glaciation. Les recherches d’ADN ont prouvé qu’il était le fruit d’un taureau (en ces temps reculés appelé Urus) et d’une banale femelle hérisson qui avait eu le bonheur de pouvoir se réfugier ou plutôt se lover (de nos jours, on dit se lofter) près d’une source de chaleur puissante au moment de froids particulièrement intenses. La promiscuité chaleureuse a permis à un spermatozoïde du bovidé de s’infiltrer tant bien que mal dans les profondeurs génitales de l’hérissonne. L’accés le plus simple pour le gamète aventureux fut le nombril de la femelle à piquants.
Vous comprenez désormais pourquoi Pougne s’auto-proclame « le Nombril du Monde » .
Au Moyen-Age, et plus précisément durant toute la période des Croisades, l’Hériboeuf était tout destiné à sa fonction principale qui devait rester la sienne pendant de longues années : il avait certes une tête de bœuf, mais surtout, il avait des poils aguerris, piquants au possible, dissuadant toute velléité d’approche ou de contact. En bref, ce fait est occulté de l’histoire du Moyen-Age, on ne sait trop pourquoi, les tabous l’emportant bien souvent sur la véracité des événements, il était utilisé comme ceinture de chasteté.
Les croisés revenus de Palestine, le grand "scrash" des chevaliers oublié, l’animal fut délaissé. On ne l’utilisa plus pour ses vertus thérapeudico-préservatives. Il dégénéra, muta génétiquement d’autant que l’homme, conjointement, inventait la pilule. Cela aurait pu sonner le glas de l’hériboeuf. Merveilleuse nature ! Les poils durs tombèrent, les cornes se ramollirent, les mouvements devinrent plus lents, la démarche incertaine, caravanesque.
Peu importe : l’animal s’est adapté.
On l’appelle désormais l’escargot en Charente, le luma en Poitou. Admettez qu’il revient de loin, avec ses deux cornes molles et sa coquille en colimaçon.
J-C Lann
(Octobre 2002)